Nous venons d’apprendre avec indignation que le régime Gnassingbé vient de brader en ce début de mois d’août 2021 la Banque togolaise pour le Commerce et l’Industrie à des intérêts étrangers.
Pourquoi ce bradage ? Un de plus ! C’est devenu une habitude.
Depuis l’avènement du régime militaro-fasciste, en 1967, plus de 40 sociétés d’État, propriétés du peuple togolais, ont été liquidées par incompétence suite à une faillite ou vendue aux intérêts capitalistes étrangers.
Qui se souvient de l’OPAT, de l’Huilerie d’Alokoegbe, de Togotex, de l’Hôtel de la Paix, de l’Office togolais des Phosphates qui a été vendu et revendu cinq ou six fois sous divers sigles, de la Féculerie de Ganavé ?…
La liste est trop longue. Chacun peut la compléter pour édifier les Togolais.
Ce pays nous appartient-il toujours ? Et nous-mêmes, en tant qu’individus, sommes-nous sûrs que nous nous appartenons toujours ?
Un affairiste étranger véreux ne va-t-il pas nous attraper un jour par le bras en pleine rue pour nous dire que nous sommes sa propriété parce qu’il nous a achetés auprès de l’État ?
Cette anecdote est un exemple que nous utilisons pour attirer l’attention des citoyens sur la gravité des choses. Notre pays n’est pas indépendant, cela, tout le monde le sait, mais il devient de plus en plus dépendant de la prédation économique internationale.
Cette descente aux enfers n’est pas une fatalité. Il n’y a aucun déterminisme qui nous condamne à cette indignité esclavagiste.
La vie chère, l’absence de tissu industriel, l’absence de politique agricole et de politique de transformation des matières premières, nous enfoncent dans la misère et une dépendance accrue. Parce que les usurpateurs qui prétendent nous gouverner n’ont aucun projet de développement digne de ce nom. Ce sont des bricoleurs sans aucune vision pour ce pays.
Pour le brave peuple, c’est la galère au quotidien, alors que la minorité politico-administrative qui l’opprime et l’exploite s’enrichit de plus en plus outrageusement. Elle est richissime et compte plusieurs milliardaires.
La faillite économique du Togo du fait de ces pseudo-dirigeants sans légitimité doit faire comprendre aux Togolais encore naïfs ou opportunistes que tant que ces individus s’accrocheront bec et ongles au pouvoir, ce pays sera privé d’avenir.
Trois générations en soixante ans ont déjà été sacrifiées ; la quatrième attend son tour avec un horizon totalement bouché.
C’est proprement scandaleux.
Pendant que la kleptocratie pille le pays, les soi-disant organisations politiques qui se prétendent de l’opposition démocratique se battent comme des ennemis irréconciliables avec haine et cynisme, la bave aux lèvres, comme des chiens de combat, accomplissant à la place de la dictature la tâche de supprimer toute opposition politique.
Ces individus qui se réclament du peuple tout en se comportant comme ses ennemis lui ont fait suffisamment de mal. Ça suffit ! Pendant que le patrimoine national est bradé, où sont-ils ?
Que font-ils entre deux ou trois insultes, calomnies ou menaces sorcières entre eux ? C’est la grande braderie et ils s’en foutent !
C’est parce que l’opposition démocratique s’est elle-même délibérément affaiblie que le régime Gnassingbé agit en toute impunité. Seule la force des masses par une formidable mobilisation peut les chasser du pouvoir. On peut échouer à plusieurs reprises mais on ne peut jamais abandonner la lutte tant que la victoire n’est pas acquise.
Il n’est pas possible de compter toutes les bonnes volontés, de vrais patriotes, qui ont lancé des appels à la responsabilité, à la fin de la guéguerre des chefs, à la remobilisation contre le régime de malheur Rpt/Urine. Peine perdue.
La lutte que nous menons aux côtés du peuple togolais n’est pas seulement une lutte contre la dictature, c’est aussi une lutte pour la vraie conquête de l’indépendance, donc de la liberté et de l’autonomie économique vis-à-vis de l’étranger. Les deux sont inséparables.
Des intérêts économiques inavouables et mafieux constituent-ils un blocage psychologique et politique pour certaines équipes dirigeantes de l’opposition démocratique ?
Cette question mérite réflexion.
Tant que les forces démocratiques ne constitueront pas un contre-pouvoir par leur mobilisation à nos oppresseurs, l’impunité continuera de leur élargir le boulevard du pillage, de l’iniquité, des crimes économiques et de la répression avec la caution de la France colonialiste qui tire les ficelles de la servitude.
En d’autres temps, le bradage de la BTCI aurait mis les syndicats des banques dans la rue.
Aujourd’hui, beaucoup de syndicats sont affaiblis et démissionnaires à cause de l’opportunisme, de la lâcheté, de la corruption. On bastonne sauvagement et emprisonne des enseignants du secondaire dans l’exercice légitime de leurs droits syndicaux et malgré cette injustice et ces brimades dégradantes les enseignants continuent à se rendre au cours normalement pendant que les leurs pleurent en prison pour avoir revendiqué des droits pour toute la profession !
Honte, trahison et lâcheté ! Ces comportements indignes et complices font de l’anormalité la norme.
C’est gravissime.
Allons-nous continuer à être les complices amorphes de nos bourreaux ? Et notre responsabilité de citoyens vis-à-vis de nous-mêmes et de la génération montante ?
Ayayi Togoata APEDO-AMAH